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2 juin 2009

Guinée : un journaliste enlevé par la junte au pouvoir

Moise Sidibé a été enlevé par des hommes du capitaine Moussa Tiégboro Camara il y a de cela une semaine.
Notre collaborateur Moise Sidibé dont le "Brûlot" égaie les lecteurs de "L’Indépendant" tous les jeudis entame ce mardi son septième jour de détention dans une prison du camp Alpha Yaya Diallo. Moise Sidibé a été enlevé par des hommes du capitaine Moussa Tiégboro Camara Secrétaire d’Etat chargé des Services spéciaux, de la lutte antidrogue et du grand banditisme dans la nuit du mercredi dernier à son domicile situé à Dabondy 2, dans la Commune de Matam.

Le journaliste prenait tranquillement son repas du soir, aux environs de 20h, après une journée trop chargée par les contraintes de bouclage de votre semainier, lorsque des hommes en uniforme ont envahi la devanture de son domicile. A première vue, ils étaient venus opérer une rafle dans le motel ‘’ la colline’’ qui jouxte la maison du journaliste.

Mais en plus de la bande de jeunes qui avaient pris d’assaut ce lieu à l’occasion de la grande soirée de foot que certaines chaînes cryptées étaient en train de faire vivre au public à travers la lucarne du petit écran (c’était la finale de la champion’s league qui opposait Barcelone au club mancunien), les agents ont embarqué tout le monde, y compris Moise Sidibé, sa sœur cadette, son fils et son frère. Destination le camp Alpha Yaya Diallo où ils ont été logés dans un cachot aménagé par les Services spéciaux.

La mère de notre collaborateur malgré la force de l’âge, a du mal à digérer ce rapt. Mme Fatou Sidibé est bien la propriétaire du motel la ‘’Colline’’, mais ce lieu est un établissement hôtelier qui obéit aux normes prescrites par les autorités compétentes. Pour preuve qu’elle n’opère pas dans la clandestinité depuis la première République, elle dispose de toute une pile de dossiers, allant du permis d’exploitation à la quittance de la taxe de la promotion touristique pour l’exercice 2009.

Il y a donc lieu de se demander si la lutte contre le grand banditisme est devenue un prétexte pour restreindre les libertés des pauvres populations qui ne demandent qu’à vivre dans la quiétude. Aujourd’hui, on est arrivé à une phase où les citoyens ont réduit considérablement leur mouvement. Vivant dans la hantise de tomber dans le filet des hommes de Tiegboro qui ont du mal à faire la distinction entre les criminels et les bonnes gens.

Un pauvre citoyen qui sirote sa bière dans un bistrot pourrait passer pour un dangereux criminel si jamais par malheur des hommes des Services spéciaux passaient par là. C’est le lieu pour notre rédaction d’attirer l’attention de l’opinion sur le sort de notre journaliste qui croupit en prison depuis maintenant une semaine pour des raisons inavouées.

La junte qui dit rompre avec les pratiques qui avaient cours dans le passé risque de faire pire si l’on n’y prend garde. En tout cas à l’allure où vont les choses, les Guinéens sont loin d’être rassurés sur l’avenir de leur pays. Vivement donc la libération de Moïse Sidibé.

La Redaction de L'Independant

Source : L’Indépendant de Guinée