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30 juin 2008

Lansana Conté va-t-il briguer un quatrième mandat en 2010 ?

« Le pouvoir est doux », dit un dicton populaire qui passemente les chansons guinéennes. Le président Conté, arrivé au pouvoir en 1984 à la suite d’un coup d’état militaire après la mort de l’ancien président Sékou Touré, a été élu pour la première fois en 1993 (50,93 % des voix), puis réélu en 1998 (56,11 % ) pour un mandat de 5 ans, et réélu à nouveau en 2003 (95,25% ) pour 7 ans cette fois à la faveur d'un tripatouillage constitutionnel en novembre 2001, supprimant la limitation d'âge et celle du nombre de mandat pour une présidence à vie. Ces différents scrutins ont été contestés tous et dans la plupart boycottés par l'opposition. Le général président rechignait tout ce qui allait dans le sens d'un changement démocratique du pays. La moindre contestation contre les dérives du pouvoir était matée dans le sang. Les élections se sont suivies sans le moindre partage de pouvoir avec l'opposition. Son message à l'endroit des opposants, après les élections présidentielles de 2003, en témoigne : « aucun opposant ne viendra me battre ici. » Aujourd'hui, rongé par la maladie, invisible et absent sur la scène nationale et internationale, tout porte à croire qu'il n'est pas encore prêt à raccrocher même s'il laisse croire à l'opinion que la tentation serait très faible après le présent mandat : « je finirai mon mandat, si Dieu le veut, en 2010. Après, on verra. Pour diriger la Guinée, j’aimerais trouver quelqu’un qui ait de l’envergure. Mais je n’ai aucun souci, je sais que je trouverai. » L'entrée très timide de l'opposition dans le gouvernement d'Ahmed Tidjane Souaré confirme la conception de Conté du pouvoir : « j'ai été placé par Dieu à la tête de l'État guinéen et je ne m'encombrerais pas d'un dialogue avec l'opposition. » Le pays s'en va à vau-l'eau et les incessants remaniements ministériels devenus son jeu favori ne laissent présager aucune issue. Personne n'arrive à affronter son pouvoir. L'élite guinéenne complètement neutralisée est à bout de souffle. La tentation reste tout de même grande, surtout qu'il a du mal à trouver son dauphin. Attendons de voir !
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28 juin 2008

Les défis qui attendent le nouveau gouvernement

La rafale de passations des pouvoirs terminée, les guinéens gardent les yeux rivés sur le gouvernement "millefeuille" de Souaré qui doit s’atteler, illico presto, au travail pour relever les défis qui l’attendent.

La semaine qui s'achève a nourri de folles rumeurs dans les rues de la capitale. Les plus mortels reproches indexent les circonstances confuses et suspectes qui ont présidé à la formation de ce gouvernement (formé bien avant le choix du Premier ministre) jugé pléthorique et non équilibré, avec le retour de plusieurs membres de l'équipe mort-née de l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo. Certains titres de la place on fait leurs choux gras de la falsification. L'équipe de Souaré, ironiquement baptisée "gouvernement Cellou bis" par certains observateurs, doit s'attaquer dès à présent aux nombreux problèmes de restauration de la distribution d’eau et d’électricité (le calvaire du guinéen va crescendo, au point que l’eau potable apparaît comme un luxe); de corruption et de denrées de premières nécessités qui sont sur les lèvres de tous. Dans les mois à venir, le nouveau gouvernement est appélé à poursuivre les travaux de la commission d’enquête sur les tueries de janvier-février 2007 (le bilan officiel fait état de 137 morts et près de 1 700 blessés à travers le pays) et de juin 2006 afin d'identifier et de poursuivre les auteurs des ces actes; se pencher sur les résultats des audits (des milliards de francs guinéens détournés) effectués par le gouvernement de Lansana Kouyaté qui n'a pu les mener jusqu'à terme. Il doit également assainir le fichier de la fonction publique (plus de 13 000 fonctionnaires fictifs payés par mois); poursuivre le processus d'organisation d'élections législatives libres, crédibles et transparentes d'ici à la fin de l'année 2008 et bref, promouvoir les politiques visant à atténuer les impacts de la crise économique sur les couches les plus vulnérables de la population.
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25 juin 2008

Un Gouvernement de "large ouverture" pour la façade

La composition du nouveau gouvernement élargi aux partis d'opposition (tirés par la manche) a été rendue publique le 19 juin dernier. Un gouvernement à la petite semaine, tramé par quelques figures de proue de la coterie (famille à "manches courtes" du président, hommes d'affaires, anciens caciques du pouvoir) qui forment l'entourage immédiat du chef de l'État pour y donner une façade démocratique.

Le président Conté dans son indicible langueur ne contrôle presque plus rien. Il a laissé la gestion du pays dans les mains d'une colonie de taons dont le seul objectif est de rester encore plus longtemps dans la course débridée contre les maigres caisses de l'État. Au lendemain de son appel à toutes les composantes sociales pour une participation à la gestion des affaires de la Nation, le Premier ministre, Ahmed Tidjane Souaré, a été acclamé par de nombreux commentateurs qui voyaient dans cette initiative une sorte de transition qui ne disait pas son nom. Signe évocateur, sans doute, d'un changement depuis l'avènement de la démocratie dans le pays. Mais, ce fut la déception. La composition de l'équipe a laissé plus d'un pantois. Le Général président fidèle à sa politique de "Président sans concurrent" et son entourage, qui continuent à monopoliser l'appareil d'État guinéen, se sont taillés la part du lion, - tous les postes clés. L'opposition s'est retrouvée avec seulement trois maigres portefeuilles. Une présence plutôt symbolique que significative font remarquer les observateurs les plus avertis. Il faut s'attendre, dans les mois à venir, à un blocage des réformes car l'appel à toute les composantes de la société pour un gouvernement élargi n'était que du chantage (venez dans le gouvernement pour que le changement puisse avoir lieu). Voilà qui laisse à penser que la situation du pays va perdurer dans son engourdissement chronique. Le pays essuie une tempête de soulèvements sociaux sans précédent depuis que les prix des produits alimentaires de base deviennent fous. Les tenanciers du pouvoir ne font aucun effort pour juguler la vague de crises qui obère le budget des ménages. Le Général, gravement malade, continue à entuber la population par ses fréquents remaniements ministériels pour assurer la continuité de son régime vermoulu. A quand donc le changement ? C'est toute la question.

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22 juin 2008

36 postes ministériels, espoir ou leurre!

Ça y est. La composition du gouvernement est connue. C'est un gouvernement élargi (33 ministres sans compter le Premier d'entre eux et trois secrétariats généraux), non paritaire (32 hommes pour 4 femmes) et moins ouvert à l'opposition (3 portefeuilles).

La seule surprise, la participation de certains partis politiques (l'Union des forces démocratiques de Guinée, l'Union pour le progrès et le renouveau et l'Union pour le progrès de la Guinée). Une première sous le régime de Conté, se moque-t-on dans les rues de Conakry. Seuls le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d'Alpha Condé et l'Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, avaient repoussé la demande de participation au gouvernement du tout nouveau Premier ministre. Le premier entend rester dans l'opposition radicale tant que Lansana Conté sera au pouvoir, le second a refusé d'y entrer à cause d'une divergence de vues.
Le nouveau gouvernement de M. Ahmed Tidjane Souaré, ironiquement appelé par certains analystes "gouvernement budgétivore" (14 ministres de plus que celui de son prédécesseur M. Lansana Kouyaté révoqué suite à une guéguerre avec l'entourage présidentiel), à cause de son caractère pléthorique, offre la particularité d'être élargi à l'opposition même si cette dernière est à peine représentée. L'incrédulité à l'égard de cette nouvelle équipe, tient à la création de nouveaux postes et au morcellement de certains ministères en deux (Affaires Étrangères, Intérieur et Sécurité, Agriculture et Élevage, …) ou trois (Commerce, Éducation, Tourisme et Artisanat,…) départements. L'objectif visé étant le changement (dans la corruption), il est important de souligner que, les compétences conflictuelles qui saperont les départements de même ordre dans les mois à venir, l'omniprésence du clan présidentiel dans les rouages de la haute sphère de l'administration qui piétine les projets de développement à cause des intérêts personnels, le budget de fonctionnement de tous ces ministères et leurs cortèges auront des conséquences énormes pour les caisses de l'État déjà au rouge.

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21 juin 2008

La Guinée otage de son armée

Devenez militaire, faites-vous enrôler dans l'armée, dans une milice ou dans un de ces mouvements de rébellions qui se créent à tout propos. Vous aurez un métier facile qui ne nécessite ni de longues études ni une formation sophistiquée. Surtout, vous aurez comme outil de travail une arme à feu ce qui dans certains pays vaut mieux qu'une carte de crédit. Ainsi, quand vous n'avez plus rien à manger à la maison, il suffit de vous présenter dans la première boutique avec votre arme de services, un ou deux coups de feu en l'air et vous repartirez avec au moins un sac de riz et un bidon d'huile de table et tous les condiments souhaités. Non seulement, vous ne payerez pas, mais on vous remerciera de vous contenter de si peu. A ceux qui s'interrogeaient encore de l'utilité de certaines armées du continent, les soldats du Général Lansana Conté viennent de décliner en ce mois de juin toutes les facettes d'une réputation désormais bien établie : séquestrations, assassinats, vols, braquages, pillages et bien pire. La Guinée est l'otage de son armée, preuve que tout cela n'est pas glorieux, le chef d'État-major dans une déclaration lue à la télévision le 18 juin a présenté les excuses du chef de l'État, du gouvernement et de toutes les forces armées pour dit-il tous les incidents malheureux et douloureux dont la population a été victime. Mais le Général Diarra Camara n'a pas été capable de promettre que cela ne se reproduira plus. D'ailleurs, comment aurait-il osé après la promotion collective que le président Conté a accordé aux pilleurs, aux braqueurs et assassins en uniforme qui se croient désormais absous pour les crimes passés et à venir. En Guinée, les enseignants, les personnels de santé et autres fonctionnaires n'ont pas moins faim que les militaires et leurs familles. Mais, seuls les militaires peuvent se permettre impunément les violences qu'ils exercent sur la population. Et personne n'a le courage de dire au Général Conté que lui et son armée n'ont pas le droit de traiter de la sorte leurs concitoyens. Aucune voix, ni l'Union Africaine ni la CEDEAO ne protestent. Et lorsque les douaniers et policiers guinéens inspirés par le succès des militaires ont osé manifester à leur tour, l'armée s'est chargée de les tabasser et de les emprisonner au motif qu'ils auraient manqué du respect au chef de l'État. Et si, le message des douaniers et des policiers était justement que le chef de l'État par la façon dont il a traité le soulèvement des militaires ne leurs inspiraient plus ce sentiment que l'on appelle le respect.

Chronique de J.B Placca, Rfi.
Une retranscription signée Tamala

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18 juin 2008

Halte aux médias de la haine!

Depuis un certain temps, nous assistons en Guinée à une recrudescence de la haine à travers d'articles «ethnophobes» dans les médias plus particulièrement ceux en ligne. Une situation qui avive les rivalités ethniques dans un régime politique moribond où le malaise généralisé et la lassitude ont atteint une phase paroxysmale. Sans doute les rivalités ethniques existent en Guinée, mais pas à un degré aussi élevé comme dans les pays voisins où de grands groupes ethniques réclament la paternité de la nation. Il y a aujourd’hui de véritables Ayatollahs de la dé(sin)formation, de la propagande et de mercenaires de la plume à la solde des hommes ou des femmes d'affaires qui, sans vergogne, s’arrogent le droit d’accuser et d’interpeller à tort et à travers les acteurs politiques ou tout bonnement des paisibles citoyens. La presse électronique croule sous un déluge de dé(sin)formations. Le traitement de l'info a prit des proportions inquiétantes. Du vrai foutoir si ce ne sont pas de règlements de comptes entre les différents antagonistes. Personne ne s'en soucie ni ne s'en plaint. Dommage! Des apprentis "analystes politiques", dont les textes pullulent d'erreurs et sont d'une vacuité absolue, abondent sur nos maigres sites dans le seul but de médire avec des informations qui tâtent le pouls des internautes. Que chacun prenne, d'ores et déjà, ses responsabilités. Une réglementation de cet espace devenu une arène serait salutaire et impérieuse pour limiter les dérives avant que la case ne prenne feu.
Mais le régime anachronique de Conté a-t-il la volonté d'exiger un droit de regard limité sur cette presse embryonnaire qui pousse aujourd'hui comme un champignon et qui ne respecte aucune déontologie ?

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L'envolée du prix des denrées alimentaires

La crise alimentaire mondiale qui frappe de plein fouet l'Ouest de l'Afrique va perdurer. Elle a prit des proportions particulièrement inquiétantes. Les prix grimpent, la crise s'installe. Les soulèvements populaires se suivent. En Guinée, la crise risque d'être longue et douloureuse. Le prix du riz, - l'aliment de base de la population, a atteint des niveaux insupportables. La politique agricole en léthargie, l'agriculture moribonde. Les ménages, démoralisés, n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Depuis 2004, l’année des émeutes de la faim, la Guinée est prise dans l’engrenage de soulèvements sporadiques et de la flambée spectaculaire des prix. L’on s’en souvient, en juillet et août 2004 (période de grande soudure où les greniers sont vidés et les récoltes attendues), le pays a connu une hausse du prix du riz déclenchant des attaques de civils contre des semi-remorques principalement à Conakry. La population avait érigé des barricades et dévalisé des poids lourds de leur cargaison. N'eût été l’intervention quotidienne de l’armée, des convois de camions auraient été pilliés par des émeutiers. Et tout récemment lors des remous sociaux de janvier et février 2007 (grève des syndicats, réprimée dans le sang par les forces de l’ordre), parmi les principales revendications, figure le prix élevé des denrées alimentaires principalement le riz. Tenez ! de janvier 2004 à mai 2008 le sac de riz importé de 50 kilos est passé de 27 000 à 230 000 francs guinéens (de 6 à 51 dollars), soit l’équivalent du salaire mensuel moyen d’un fonctionnaire. Quand on sait qu’il en faut au moins deux sacs par mois pour nourrir une famille, on a une idée de la dégradation du niveau de vie.
Des plats de substitution
L’envolée spectaculaire du coût de la vie, devenue presque le lot quotidien, astreint des ménages à se tourner de plus en plus vers des aliments de consommation sur place (Manioc, Fonio, Patate, Taro, Igname, Mangue, …). Les familles les plus démunies sautent des repas pour pouvoir traverser sans dette la crise qui obère déjà leur pouvoir d’achat. La purée de mangues trempée dans l’huile rouge a remplacé le plat de riz. Une substitution qui ne va pas durer longtemps, la période des mangues étant passagère. Et que va-t-il advenir des ménages qui tirent déjà le diable par la queue ?
Crainte de nouveaux troubles sociaux
Un spectre permanent de troubles sociaux plane sur le pays. A Conakry comme dans les grandes villes règne un climat de psychose depuis que de folles rumeurs au sujet d’une énième augmentation du prix du carburant à la pompe courent les rues. Les associations des consommateurs élèvent le ton et menacent de descendre dans la rue si le gouvernement n’intervenait pas pour stabiliser la hausse vertigineuse du prix des denrées alimentaires à l’importation. Aussi, le syndicat des enseignants tape du poing sur la table et attend impatiemment les examens nationaux qui sont reportés sine die pour demander des comptes au gouvernement …
Solutions pour une sortie de crise
Pour résorber la crise du riz, le gouvernement doit supprimer en partie ou en totalité la taxe à l’importation sur cette céréale. Investir davantage dans le secteur de la production rizicole afin de le revitaliser. Donner un coup de pouce aux paysans, en leur fournissant en quantité suffisante, semences, engrais et autres intrants agricoles. Autrement dit renforcer la production nationale en élaborant en fonction des réalités du terroir, une véritable politique de développement agricole seul réel gage d’une autosuffisance alimentaire.

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