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18 juin 2008

L'envolée du prix des denrées alimentaires

La crise alimentaire mondiale qui frappe de plein fouet l'Ouest de l'Afrique va perdurer. Elle a prit des proportions particulièrement inquiétantes. Les prix grimpent, la crise s'installe. Les soulèvements populaires se suivent. En Guinée, la crise risque d'être longue et douloureuse. Le prix du riz, - l'aliment de base de la population, a atteint des niveaux insupportables. La politique agricole en léthargie, l'agriculture moribonde. Les ménages, démoralisés, n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Depuis 2004, l’année des émeutes de la faim, la Guinée est prise dans l’engrenage de soulèvements sporadiques et de la flambée spectaculaire des prix. L’on s’en souvient, en juillet et août 2004 (période de grande soudure où les greniers sont vidés et les récoltes attendues), le pays a connu une hausse du prix du riz déclenchant des attaques de civils contre des semi-remorques principalement à Conakry. La population avait érigé des barricades et dévalisé des poids lourds de leur cargaison. N'eût été l’intervention quotidienne de l’armée, des convois de camions auraient été pilliés par des émeutiers. Et tout récemment lors des remous sociaux de janvier et février 2007 (grève des syndicats, réprimée dans le sang par les forces de l’ordre), parmi les principales revendications, figure le prix élevé des denrées alimentaires principalement le riz. Tenez ! de janvier 2004 à mai 2008 le sac de riz importé de 50 kilos est passé de 27 000 à 230 000 francs guinéens (de 6 à 51 dollars), soit l’équivalent du salaire mensuel moyen d’un fonctionnaire. Quand on sait qu’il en faut au moins deux sacs par mois pour nourrir une famille, on a une idée de la dégradation du niveau de vie.
Des plats de substitution
L’envolée spectaculaire du coût de la vie, devenue presque le lot quotidien, astreint des ménages à se tourner de plus en plus vers des aliments de consommation sur place (Manioc, Fonio, Patate, Taro, Igname, Mangue, …). Les familles les plus démunies sautent des repas pour pouvoir traverser sans dette la crise qui obère déjà leur pouvoir d’achat. La purée de mangues trempée dans l’huile rouge a remplacé le plat de riz. Une substitution qui ne va pas durer longtemps, la période des mangues étant passagère. Et que va-t-il advenir des ménages qui tirent déjà le diable par la queue ?
Crainte de nouveaux troubles sociaux
Un spectre permanent de troubles sociaux plane sur le pays. A Conakry comme dans les grandes villes règne un climat de psychose depuis que de folles rumeurs au sujet d’une énième augmentation du prix du carburant à la pompe courent les rues. Les associations des consommateurs élèvent le ton et menacent de descendre dans la rue si le gouvernement n’intervenait pas pour stabiliser la hausse vertigineuse du prix des denrées alimentaires à l’importation. Aussi, le syndicat des enseignants tape du poing sur la table et attend impatiemment les examens nationaux qui sont reportés sine die pour demander des comptes au gouvernement …
Solutions pour une sortie de crise
Pour résorber la crise du riz, le gouvernement doit supprimer en partie ou en totalité la taxe à l’importation sur cette céréale. Investir davantage dans le secteur de la production rizicole afin de le revitaliser. Donner un coup de pouce aux paysans, en leur fournissant en quantité suffisante, semences, engrais et autres intrants agricoles. Autrement dit renforcer la production nationale en élaborant en fonction des réalités du terroir, une véritable politique de développement agricole seul réel gage d’une autosuffisance alimentaire.