vous accueille !

21 juin 2008

La Guinée otage de son armée

Devenez militaire, faites-vous enrôler dans l'armée, dans une milice ou dans un de ces mouvements de rébellions qui se créent à tout propos. Vous aurez un métier facile qui ne nécessite ni de longues études ni une formation sophistiquée. Surtout, vous aurez comme outil de travail une arme à feu ce qui dans certains pays vaut mieux qu'une carte de crédit. Ainsi, quand vous n'avez plus rien à manger à la maison, il suffit de vous présenter dans la première boutique avec votre arme de services, un ou deux coups de feu en l'air et vous repartirez avec au moins un sac de riz et un bidon d'huile de table et tous les condiments souhaités. Non seulement, vous ne payerez pas, mais on vous remerciera de vous contenter de si peu. A ceux qui s'interrogeaient encore de l'utilité de certaines armées du continent, les soldats du Général Lansana Conté viennent de décliner en ce mois de juin toutes les facettes d'une réputation désormais bien établie : séquestrations, assassinats, vols, braquages, pillages et bien pire. La Guinée est l'otage de son armée, preuve que tout cela n'est pas glorieux, le chef d'État-major dans une déclaration lue à la télévision le 18 juin a présenté les excuses du chef de l'État, du gouvernement et de toutes les forces armées pour dit-il tous les incidents malheureux et douloureux dont la population a été victime. Mais le Général Diarra Camara n'a pas été capable de promettre que cela ne se reproduira plus. D'ailleurs, comment aurait-il osé après la promotion collective que le président Conté a accordé aux pilleurs, aux braqueurs et assassins en uniforme qui se croient désormais absous pour les crimes passés et à venir. En Guinée, les enseignants, les personnels de santé et autres fonctionnaires n'ont pas moins faim que les militaires et leurs familles. Mais, seuls les militaires peuvent se permettre impunément les violences qu'ils exercent sur la population. Et personne n'a le courage de dire au Général Conté que lui et son armée n'ont pas le droit de traiter de la sorte leurs concitoyens. Aucune voix, ni l'Union Africaine ni la CEDEAO ne protestent. Et lorsque les douaniers et policiers guinéens inspirés par le succès des militaires ont osé manifester à leur tour, l'armée s'est chargée de les tabasser et de les emprisonner au motif qu'ils auraient manqué du respect au chef de l'État. Et si, le message des douaniers et des policiers était justement que le chef de l'État par la façon dont il a traité le soulèvement des militaires ne leurs inspiraient plus ce sentiment que l'on appelle le respect.

Chronique de J.B Placca, Rfi.
Une retranscription signée Tamala