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12 janvier 2009

Myopie politique de l’Opposition guinéenne

La danse autour du Feu
Se précipiter pour quelle élection ?


Il y a longtemps que nous dénonçons la myopie politique de l’Opposition Guinéenne, et nous croyons fermement à ce que nous affirmons. Nous n’avons jamais changé de discours et jusqu’à présent l’histoire ne nous a pas démenti.
Notre classe politique myope mérite-t-elle de conduire les destinées de la nouvelle génération ?
Nous en doutons fort ! Et parce qu’ils sont myopes, ils nous prennent pour des aveugles.

Depuis la prise de Pouvoir par la junte militaire, ils s’élèvent partout pour réclamer des Élections en 12 mois. Ceux qui réclament des Élections dans 12 mois n’ont jamais dit au Peuple s’il s’agit des Présidentielles ou des Législatives.
L’UFR et ses Associés viennent de confirmer ce constat.
C’est à dire que notre système politique est tellement malade que nous ne savons pas s’il faudrait commencer par les Législatives ou par les Présidentielles. Malgré tout on nous demande d’être prêt dans 12 mois !!!!

L’Assemblée Nationale était inconstitutionnelle et périmée depuis le 18 Juin 2007.
Le Mandat du Président de la République, élu avec 4,96% de la population, doit s’achever normalement le 23 Décembre 2009. Le Président est décédé et l’Assemblée Nationale est dissoute. Malgré cet imbroglio constitutionnel, on exige des Élections dans 12 Mois.

Ils nous demandent d’être prêts pour des Élections Libres et Transparentes dans 12 mois. En même temps ils font actuellement les pieds et le nez au Camp Alpha Yaya devant la junte Militaire pour participer au nouveau Gouvernement de Transition. Ceux qui demandent la Transparence veulent teinter le processus par leur opacité.

Ils veulent la Transparence ? Ils ne nous présentent aucune proposition sur les Audits exigés par le Peuple (et par eux-mêmes), nous permettant de tenir les Élections dans 12 mois.

Ils veulent la Transparence, mais ils ne nous présentent aucun programme de Révision de la Constitution, pouvant nous permettre de garantir la Transparence et la Liberté pendant les Élections dans 12 mois…

Ils exigent des Élections dans 12 mois, mais ils ne nous disent pas comment ils les financeront, pour garantir la participation effective de tous les habitants du pays. Rappelez-vous que le Gouvernement du Foiré nous avait bien dit qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses, et personne n’exige des comptes à Ben Sékou Sylla jusqu’à présent. Le Premier Ministre vient d’affirmer qu’il a besoin de 87 millions de dollars pour boucler l’année 2009. C’est à dire que nous n’avons pas 87 millions de dollars dans les caisses.

Les Partis politiques auraient-ils aussi un problème d’interprétation ? Où trouveront-ils l’argent nécessaire pour la période qu’ils demandent ?

Quel que soit le type d’élection, nous recommandons la prudence. Les Élections Transparentes et libres, ouvertes à tous les enfants du pays sont les voeux de tous les citoyens. C’est pourquoi nous luttons. Faut-il les faire dans la précipitation ? Sommes-nous prêts ? Serons-nous prêts dans 12 mois ?

Nous avions raté 1958 ;
Raté Avril 1984 ;
Raté Mars 2007 !
Aujourd’hui la junte militaire nous donne une autre chance ….
Faudrait-il rater cette occasion par précipitation ?
Faudrait-il bâcler des Élections pour satisfaire la France ? La CEDEAO ET L’UA?
Pendant que nos enfants mourraient pour le Changement, avez-vous rencontré des secouristes de la CEDEAO à Boulbinet ? Avez-vous rencontré des gardiens des Droits de l’Homme de l’UA à Kaporo ? Avez-vous vu un simple container de médicaments du Gouvernement Français pour aider nos blessés ?
Quelle que soit la décision des Institutions étrangères ou des pays qui ne comprendront jamais rien à la lutte de notre Peuple, nous devons rester sereins et conscients qu’il s’agit de notre Patrie, de notre vie et de nos enfants …
Nous avons un problème Politique. Nous sommes le Problème. Nous sommes la Solution ! Pas eux.
La Guinée n’est pas une Province de la France.

Ne nous masquons pas la figure. Nous sommes en Afrique. Par inconscience ou par naïveté, ne croyons pas qu’on nous offrira des Élections Transparentes et Libres sur un plateau d’Or chaque deux ans.
Le Pouvoir sur notre continent cohabite avec la Force et le sang.

Dans un pays ethniquement divisé et sans aucune expérience électorale normale, une élection bâclée pourrait nous réserver le pire : L’éternisation d’un Clan ou d’une Junte Militaire au pouvoir sur fond de chaos politique, après un bain de sang. Ne nous précipitons pas. Ne dansons pas autour du feu les yeux fermés. Rappelez-vous du Kenya : Une élection Présidentielle, 7200 morts en une semaine. Aucun Pouvoir Civil ou Militaire ne passera volontairement le flambeau à un Parti Politique de l’Opposition.

La prise de Pouvoir par voie démocratique est un combat qui peut être gagné par des Partis Politiques, s’ils existent ! Combien de Partis Politiques avons-nous en Guinée ? Avant de parler de la transparence des Élections, c’est l’existence physique même des Partis Politiques qui pose de sérieux problèmes moraux dans notre pays. C’est à dire une Organisation Politique dont l’existence physique peut être prouvée.
Exemple : Nous venons de lire la Proposition de l’UFR et de l’ANAD.
Avant d’entrer dans le débat, regardons la liste des Partis signataires : UFR, UNPG, MEAG, ANP, PLD, PLG, PGUD, UDR.
Voici un échantillon des Partis politiques qui nous appellent à voter dans 12 mois et dont les membres seront éventuellement nos Représentants Démocratiquement Elus.

Dites chers compatriotes : en âme et conscience, sans aucune idée partisane, savez-vous qui sont ces Partis Politiques ? Connaissez-vous leurs adresses ? Leurs sièges ? Ont-ils un numéro de téléphone ? D’ou sortent-ils ? Qu’est-ce qu’ils nous proposent exactement ? Pourquoi voterions-nous pour eux ? Pourquoi voterions-nous contre eux ? Autant de questions auxquelles vous ne trouverez jamais la réponse.

Allez-y voir du coté du RPG … il y a là aussi une coalition d’une douzaine de Partis Politiques et reprenez le même exercice. Après faites un tour du coté de l’UPG. Posez les mêmes questions …. Vous vous rendrez compte que 85% des Partis Politiques guinéens n’ont aucune preuve d’existence physique et morale. Rien que le nom. Pas d’adresse, pas d’activité.

Chers compatriotes, ça ne vous donne pas la chair de poule d’aller voter pour des Partis Politiques Fantômes ? Ou pour des Partis Politiques clandestins ? Des Partis Politiques invisibles ont-ils le Droit de parler en votre nom ? Etes-vous prêts pour des Élections avec des Partis Politiques fictifs? S’ils existent et se ressemblent, pourquoi ne se regrouperaient-ils pas au sein d’une seule Organisation ?
On dit « qui se ressemblent, s’assemblent ». Mais pas eux ? C’est pourquoi nous pensons que nous n’avons pas des Partis Politiques, mais des entreprises privées gérées pas des gangsters politiques. Ils font peur. Ce sont ces « Partis Politiques » qui demandent des Élections dans 12 mois ! Nous disons non ! Pas de précipitation. Ne dansons pas au tour du Feu les Yeux fermés.

Notre souci ne s’arête pas à ce problème d’existence des « Partis Politiques ». Il y a pire !
Regardons aussi de l’autre côté et supposons qu’ils existent tous. Dites-nous honnêtement, quelle est la durée du mandant du Président de votre Parti Politique ? Cinq ans ? 10 ans ? 20 ans ou l’Eternité ?
Le premier problème moral est ici que ceux qui réclament la démocratisation de la vie politique et publique, n’ont jamais mis leur mandat en jeu depuis qu’ils ont créé et autoproclamé Président de leur Organisation et choisi selon leurs propres critères les membres éminents de leurs bureaux. A part le Président de l’UPR, Bah Ousmane, nous ne nous souvenons pas avoir vu le mandat du Président d’aucun autre Parti Politique soumis à un vote de confiance. C’est toujours « tu es d’accord avec le Président ou tu t’en vas ». Comment peut-on croire que quelqu’un qui n’a jamais mis son mandat en jeu, qui n’a jamais organisé une seule élection au sein de son Parti, deviendra subitement un « démocrate » une fois à la "Magistrature Suprême" avec tous les Pouvoirs en mains, qui garantira des futures Élections Libres et Transparentes au Peuple ?
En plus, les Élections Libres et Transparentes ne sont pas une garantie de la Démocratie.

A cet effet, nous rappelons à l’Opinion publique guinéenne, africaine et internationale, que Adolf Hitler n’est pas venu au Pouvoir par un Coup d’État. Il avait été élu, … démocratiquement élu dans un contexte de Multipartisme. Avant d’aller aux Élections dans 12 mois, quelle garantie, les Partis Politiques nous offrent-ils, que nous n’allons pas démocratiquement élire un autre MONSTRE ?

Chers compatriotes, ne nous précipitons pas.
Il nous faut des garde-fous. Ne dansons pas autour du feu les yeux fermés. Personne ne sait de quoi vivent ces Partis Politiques. Ils n’ont jamais fait, à notre connaissance, de comptes financiers à leurs adhérents ou au Gouvernement, pour bénéficier d’une exemption légale des taxes ou pour payer des taxes. Et 90% de leurs Leaders politiques ne travaillent pas du tout ou ne font aucun travail pouvant supporter un Parti Politique à caractère national. Le salaire d’un fonctionnaire guinéen ne peut pas faire vivre un Parti Politique. Alors de quoi vivent-ils ? La Plaie de notre pays est la malversation économique et financière.

La vie des Partis Politiques ne nous offre aucune fenêtre permettant de les juger.
Comment pourrons-nous dans un climat de corruption générale, confier notre Nation et ses Institutions financières aux chômeurs économiques chroniques ?
Les gangsters politiques pensent-ils que nous sommes aveugles ?
Des Élections ? Oui mais pas dans la Précipitation. Il nous faut des garde-fous. Ne dansons pas autour du Feu les yeux fermés.

Au vu de tout ce qui précède, nous proposons :
Pas d’élections avant la fin des Audits : l’Assemblée ne doit pas être un abri pour les délinquants économiques.
Tout fonctionnaire accusé, indexé par les Audits, ne doit pas être candidat aux Élections (quel que soit le type d’élections ).
Pas d’Élections avec la participation des Partis Politiques fictifs ou régionalistes : il faut que tous Partis Politiques candidats soient physiquement implantés et participent à des activités politiques dans toutes les préfectures du territoire national. C’est à dire avoir un bureau, un secrétariat avec des activités politiques concrètes.
Tout Parti Politique qui n’aurait pas fait 10% en moyenne sur l’ensemble du territoire national n’entrera pas à l’Assemblée Nationale. Notre but est de forcer au regroupement des Partis Politiques par sensibilité et de forcer le départ ou la disparition des Partis fictifs. Avec pour objectif de réduire le nombre de Partis Politiques à quatre (4) maximum représentant deux grands courants (droite, gauche, centre-droit et centre-gauche).
Tout Parti Politique candidat devra dévoiler son mode de financement, afin de démystifier la vie Politique.
Réviser intégralement la Constitution.
Amender immédiatement tout ce qui est nécessaire pour garantir la Transparence des Élections et réserver le reste pour la Nouvelle Assemblée.
Refuser la participation des Partis Politiques au Gouvernement de Transition.
Refuser la participation des Partis Politiques à un éventuel Conseil de Transition.
Refuser la participation des Partis Politiques à un éventuel Conseil pour la Révision Constitutionnelle. Refuser la participation des Partis Politiques à tout comité chargé d’organiser les Élections.

Le mot clé ici est la Transparence et l’indépendance de tous les organismes en charge de la Transition. La Transition doit être considérée comme un Arbitre. Elle être neutre, incolore et inodore, sur tous les plans et dans tous ses aspects.

Douze mois ou Deux ans, nous irons aux Élections quand nous aurions résolu tous les problèmes liés à la Transparence et la Liberté. Préparons les Élections avec sérénité. Si nous perdons cette occasion, nous risquons de perdre le pays. Il faut que chacun prenne conscience qu’au delà d’aller aux Urnes qui ne garantissent pas la Démocratie, le pays est actuellement divisé en parcelles Ethniques. Il faut en être conscient. Si nous ratons ces Élections, nous risquons de perdre le pays. Vu l’enjeu de ce tournant historique, nous croyons que la précipitation serait une très dangereuse idée. Fixons la date des Élections en fonction de nos problèmes. Ne dansons pas autour du feu les yeux fermés.

Ben Daouda Touré
Source : www. zaley.info